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Le professeur Glenn Stockwell nous éclaire sur le sujet de l’utilisation des IA dans l’enseignement des langues : 5 pistes et dangers pour les incorporer dans l’enseignement

Nicolas Biebuyck

23 mai 2024

Fin mars 2024, la chaire Altissia recevait le professeur Glenn Stockwell à l’Université de Saint Louis à l’occasion d’une conférence exceptionnelle sur le sujet de l’utilisation des Intelligences Artificielles (IA) dans l’enseignement des langues. L’occasion pour lui de nous partager son expertise dans ce domaine de manière approfondie. La chaire Altissia continue d’explorer les liens entre la technologie et l’enseignement des langues étrangères en invitant ici un grand nom de la recherche autour de ces sujets. Retour sur la présentation du Professeur et en fin d’article, présentation des principales pistes évoquées par ce dernier.

Une technologie en constante évolution

Le premier point que le professeur Stockwell a voulu souligner est le fait que cette technologie n’est pas nouvelle. Les premières apparitions datent du début des années 80, les IA n’ont donc fait qu’évoluer pendant tout ce temps pour devenir ce qu’elles sont. Cela implique que des changements et améliorations sont à venir dans un futur très proche, comme nous avons pu le voir avec la star des chatbots, Chat GPT, qui est devenue environ cinq millions de fois plus puissante qu’auparavant avec sa version 4.0.

Un changement de perception nécessaire

Le professeur Stockwell a ensuite abordé un point essentiel de sa présentation, concernant la perception que nous avons de ces intelligences artificielles dans le milieu de l’enseignement. Son argument est que maintenant que cette technologie est présente, il ne faut pas l’ignorer. Les IA constituent en un grand changement dans le secteur de l’éducation et sont déjà utilisées par beaucoup. Par conséquent, la solution ne se trouve pas dans une inutilisation de cette dernière, mais bien dans son apprivoisement. Il nous fait également remarquer que les IA sont actuellement des technologies très nouvelles dans le paysage de l’enseignement et qu’elles sont dans une phase où l’on surestime l’impact qu’elles vont avoir. A l’époque de la sortie des tablettes, nombreux ont cru à la fin des feuilles et stylos dans les écoles, cependant nous constatons aujourd’hui que c’est loin d’être le cas.

Adapter son évaluation

Comme dit précédemment, s’il est inutile d’ignorer cette technologie, la solution se trouve dans son implémentation. Cette implémentation passera par une adaptation des modes d’évaluation. Encore une fois, les apprenants utilisent déjà la technologie, le choix de l’implémenter ou pas n’est plus le nôtre uniquement. Un professeur ne peut pas rédiger un devoir à l’aide d’IA pour que ses élèves y répondent également à l’aide d’IA. Le but reste d’apprendre aux élèves de nouvelles choses, et que l’IA les accompagne dans cette tâche, pas qu’elle la fasse à leur place. Bien que l’utilisation de cette technologie ne fait pas (encore) partie de la formation des professeurs, ceux-ci doivent se rassembler et trouver ensemble des standards d’utilisation le plus vite possible.

En bref, le professeur Stockwell nous invite à intégrer ces IA et à apprendre à nous en servir au lieu de nous en méfier. Elles peuvent être des outils précieux de gains de temps, mais ce n’est forcément pas sans risques, les intelligences artificielles ne sont pas parfaites ni infaillibles.

5 Pistes et dangers

Voici donc les 5 principales pistes et mises en garde que nous offre le professeur Stockwell à travers sa présentation et la discussion de panel avec Arnaud Vincent, professeur de langues dans l’enseignement secondaire et chercheur et Lucie Niclaes, étudiante en Langues et littératures modernes à l’UCLouvain qui l’ont suivie.

  1. Usage et apprivoisement de l’outil : conseiller et déconseiller certaines pratiques. Cela peut passer par encourager certaines manières de l’utiliser : : Brainstorming , Relecture, Accompagnement dans le travail, Aide à la mise en place de structure
  2. En parler ouvertement avec les élèves : leur demander leur avis sur votre éventuelle utilisation de l’outil, et les inviter à partager leur expérience.
  3. Adapter son mode d’évaluation : une majorité d’élèves l’utilisent, il faut prendre cela en compte dans son mode d’évaluation.
  4. Hallucination : l’IA invente fréquemment des faits vraisemblables et pourtant entièrement faux, il faut donc toujours relire une production créée artificiellement.
  5. L’IA n’est pas humaine : elle ne peut donc pas inspirer un élève comme un bon professeur pourrait le faire. La dimension humaine reste primordiale.

Conclusion

En conclusion, il est clair que le Professeur Stockwell préconise une implémentation, dans la limite du raisonnable, des intelligences artificielles dans le milieu de l’apprentissage des langues. Elles peuvent être sans le moindre doute un excellent outil dans ce milieu si elles sont utilisées correctement. Le manque de connaissance n’est encore qu’une barrière que nous serons amenés à surmonter rapidement, afin d’en faire un moyen de créer plus rapidement, ou d’accompagner les apprenants dans leur travail par exemple. La limite d’utilisation reste néanmoins à délimiter clairement, les intelligences artificielles ne pouvant être utilisées de n’importe quelle manière.